Le GHR crée l’unité syndicale

  • Temps de lecture : 6 min

Trois des organisations patronales que sont le GNI, le SNRTC et le SNRPO ont annoncé, à la surprise générale, leur fusion le 14 novembre, lors de la première journée du congrès du GNI, qui se tenait à Lyon (69). La naissance du Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR) prend corps sans le concours de l’Umih et du GNC, alors que l’esprit était à l’unité de la profession.

Didier Chenet (à g.), président du GNI, Catherine Quérard (au milieu), vice-présidente du GNI, et Hervé Dijols (à dr.), président du SNRTC, annonçant la création du GHR le 14 novembre 2022. Crédit : Alain Rico.
Didier Chenet (à g.), président du GNI, Catherine Quérard (au milieu), vice-présidente du GNI, et Hervé Dijols (à dr.), président du SNRTC, annonçant la création du GHR le 14 novembre 2022. Crédit : Alain Rico.

La surprise est de taille. Le 14 novembre, lors de la première des deux journées du 7e congrès du GNI, qui s’est déroulé à Lyon (69), la fusion de ce syndicat avec le SNRTC et le SNRPO a été annoncée. Ces trois organisations patronales ont ainsi donné naissance au GHR, pour Groupement des hôtelleries et restaurations de France. Les trois entités ont justifié cette fusion par « la nécessité et l’urgence de s’organiser dans une représentation unie du secteur de l’hôtellerie et de la restauration ».

La nécessité et l’urgence de s’organiser dans une représentation unie du secteur de l’hôtellerie et de la restauration.
Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR)

Elles ont comme objectif premier de « rassembler – pour mieux les représenter et les défendre – les professionnels et les organisations professionnelles de la restauration et de l’hôtellerie, ainsi que les métiers qu’ils exercent ou qu’elles représentent ». Pour ce faire, les fondateurs vont mutualiser leurs moyens et leurs structures territoriales, ainsi que « les structures venant à les rejoindre », n’a pas oublié de préciser, avec malice, le nouveau syndicat patronal. On peut dire que le thème du congrès – Comprendre, entreprendre et surprendre, ensemble ! – n’a été qu’en partie respecté. Il aurait fallu ajouter « presque ensemble ».

Un hôte de marque manquait en effet à l’appel : l’UMIH. Surprenant, alors que des négociations en vue d’un rapprochement avaient démarré début 2021. Un agenda vraisemblablement bousculé par les élections à la tête du syndicat de la rue d’Anjou, si l’on en croit Franck Trouet, conseiller au président du GNI. Celui-ci explique que les travaux concernant la fusion se sont déroulés entre le GNI, l’UMIH, le GNC (syndicat associé à l’UMIH) et le SNRTC. « L’UMIH et le GNC étaient présents jusqu’au début de l’année 2022. Mais en janvier, ils ont décidé de suspendre leur participation aux travaux. Ils avaient décidé que c’était à leurs nouveaux présidents de poursuivre », précise Franck Trouet.

En attendant le dénouement chez le premier syndicat patronal du secteur CHRD, qui s’est déroulé le 27 octobre dernier avec la victoire du chef étoilé Thierry Marx, les trois fondateurs ont préféré avancer dans la construction de la « maison commune », comme l’aime à l’appeler le conseiller du président du GNI, et bâtir ainsi « les fondations et le premier étage ».

Pas de place à l’hégémonie

Franck Trouet effectue un appel du pied en soulignant bien que la porte n’est pas fermée pour l’Umih, bien au contraire. « Lors de la rédaction des statuts, nous avons réfléchi à la manière dont nous allions travailler ensemble. Si le GNC et l’UMIH sont intéressés, ils pourront venir et occuper une place à concurrence de leur taille », explique-t-il. Mais une condition est tout de même posée : aucun syndicat participant à cette fusion ne doit être majoritaire ou prendre le dessus.

« L’hégémonie n’a pas sa place. Ils seront présents avec nous s’ils sont d’accord sur le principe moteur : ensemble pour être meilleur », lâche, catégorique, le représentant du GNI, avant d’enfoncer le clou : « Dès que nous acceptons la fusion, nous avons tous la même carte syndicale, nous jetons celle du GNI et celle de l’UMIH. » Une idée logique selon lui afin de correspondre à l’objectif du GHR qui « est de travailler ensemble de façon consensuelle. C’est la structure pour rassembler les trois syndicats, et dans le futur tout le monde, dans l’esprit de la période de Covid-19 où cela avait fonctionné tout seul ».

L’idée de fusionner les syndicats du secteur est en effet née de la crise de la Covid-19, durant laquelle ceux-ci ont réussi à parler d’une seule et même voix et obtenir de la part du Gouvernement de nombreuses aides destinées aux CHR. « Nous avons tiré des conclusions de la crise sanitaire, nous travaillons bien tous ensemble », confirme Franck Trouet, qui assure que le rassemblement est une demande des professionnels des CHR.

Cependant, le GNI ne respecterait-il pas la condition qu’il a contribué à prévoir ? L’organisation patronale se trouve dans la nouvelle structure en position « ultra majoritaire », de l’aveu même du conseiller du président. Pour autant, « nous n’avons pas voulu prendre tous les postes ou même les trois quarts », rassure-t-il. La répartition est ainsi de 50 % pour le GNI et de 50 % pour le SNRTC et le SNRPO. Ce dernier n’accueillant que six entreprises, une répartition en trois parts égales n’était pas possible.

Peser davantage dans le débat

Des élections vont être organisées dans les prochains mois, à travers un scrutin de liste, pour reprendre la méthode du GNI. « Le président doit compter sur une équipe d’élus qui partagent ses convictions, justifie le représentant du GNI. Tous les membres du bureau sont élus sur une liste, comme tous les présidents des commissions. Les seuls qui ne sont pas élus sont les présidents de branche pour que les métiers les choisissent eux-mêmes. » Le premier mandat de président aura une durée d’un an seulement, dans le but de terminer le processus et notamment la fusion des patrimoines.

De nouvelles élections se dérouleront donc à la fin de l’année 2023. Période qui coïncidera avec le départ à la retraite du président du GNI. Ce dernier sera candidat à la présidence du GHR pour tenter de terminer en beauté une riche carrière syndicale. « Didier Chenet est le fruit de 20 ans de syndicalisme. Si nous ne formons pas la relève, nous ferons un syndicat pas plus efficace qu’un autre », prévient Franck Trouet.

Raison pour laquelle la création d’une nouvelle organisation patronale va de pair avec la professionnalisation de la méthode de travail syndicale. « Nous parlons de formation partout, sauf chez nous. Il s’agira d’accompagner les élus locaux pour leur dire ce qui relève de leur travail », dévoile-t-il. Grâce à cette fusion, les trois organisations fondatrices espèrent peser davantage dans le débat. Non pas grâce au nombre d’entreprises, puisque « le SNRPO compte six entreprises et le SNRTC une trentaine, ce qui ne change pas la donne ». Mais plutôt grâce au nombre de salariés. « Nous sommes à peu près proches de l’UMIH », estime, satisfait, le conseiller du président du GNI.

Une fois la création du GHR actée, le plus important reste à venir. Les chantiers sont nombreux. Le remboursement des PGE en premier lieu, avec le sujet de l’énergie, en pleine inflation. Mais également la transition écologique et la transition numérique. « Nombre de restaurateurs n’ont pas de site Internet, seulement une page Facebook sur laquelle il n’y a même pas de menu », déplore ainsi Franck Trouet. Ou encore le manque de main d’œuvre et la question de la régularisation des travailleurs sous alias, qui permettrait selon ce dernier de « fluidifier le marché de l’emploi ».

PARTAGER