Décision business
À l’occasion d’une conférence de presse à Paris, le 15 décembre 2022, le Bureau national interprofessionnel de l’armagnac (BNIA) a souhaité renouer avec la communication pour jouer sur la tendance profitant à cet alcool, après une dizaine d’années sans conférence. Pour Jérôme Delord, de la maison Delord et tout nouveau président de l’interprofession, désigné en octobre dernier pour un mandat de trois ans, « l’armagnac était il y a 20 ans renfermé, pas sûr de lui. Mais, de nouvelles générations sont arrivées, et aujourd’hui, nous devenons modernes et vivants ».
L’arrivée de nouveaux acteurs est par ailleurs confirmée dans les chiffres avec une augmentation du nombre de négociants actifs : 172 en 2021 contre 164 en 2018. Le marché des spiritueux étant porteur, le président du BNIA a encouragé lors de son intronisation ses « collègues à distiller pour avoir des eaux-de-vie jeunes afin de plaire à tous les consommateurs ». Environ 10 000 hl d’alcool pur distillé ont été obtenus en 2021. Pour cela, 1 878 ha de vignoble ont été exploités en 2021, contre 2 420 ha en 2018, et ce, par 377 déclarants en 2021, contre 490 en 2018. Alors que le vignoble de Gascogne représente 20 000 ha, 5 000 sont dédiés à l’armagnac. Le BNIA souhaite que ces 5 000 ha soient « à 100 % affectés à l’armagnac ».
En effet, pendant longtemps, il y a eu un basculement des vignerons de l’armagnac vers le vin pour des raisons économiques et un besoin de rémunération immédiate, comme l’explique Olivier Goujon, directeur du BNIA. Celui-ci note toutefois que « beaucoup d’opérateurs reviennent vers l’armagnac, notamment de la blanche pour faire des cocktails ». Olivier Goujon enfonce le clou et réaffirme le besoin de revenir sur un seul alcool : « Il faut assumer de retrouver de l’attractivité sur le produit armagnac et ne plus faire la danseuse entre la production de vin et la production d’armagnac. »
En 2021, 10 374 hl d’alcool pur sont sortis, représentant 3,7 millions de bouteilles. Sur ce total, 1,16 million de bouteilles ont été vendues en France et 1,57 million à l’export. Ce dernier marché a généré un chiffre d’affaires de plus de 20 millions d’euros. La Chine, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie forment le quatuor de tête, aussi bien en valeur qu’en volume, mais selon un ordre différent. Avec 17 %, la Chine représente le premier marché en valeur, tandis que la première place en volume revient aux États-Unis (16 %). Au premier semestre 2022, le BNIA note une augmentation des ventes en volume de 5,45 % pour la France et l’export. Cette nette hausse se révèle encore plus importante du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, avec +7,77 %.
Face à ces chiffres positifs, l’interprofession compte préserver le savoir-faire de la distillation, proposer une identité marketing pour « véritablement entrer dans le secteur des spiritueux » et que la production soit en phase avec le marché et les enjeux climatiques. Pour cela, le BNIA a créé le plan Armagnac 2030, composé de sept « chantiers stratégiques ». Parmi ceux-ci, figurent l’attractivité, la communication, les pratiques durables ou encore le spiritourisme. Olivier Goujon conclut : « L’idée est de mettre en marche l’ensemble des opérateurs derrière un projet collectif et que nous nous affirmions dans le principe que l’armagnac est un produit d’attractivité du territoire. »
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