
Décision business
Picard Vins et Spiritueux : son président veut affiner la philosophie familiale
Gabriel Picard est actuellement président du groupe Picard Vins et Spiritueux. Dans cet entretien exclusif, il nous présente les futures stratégies du groupe, notamment grâce à la construction d’un portefeuille de marques de spiritueux
Quelle est l’histoire du groupe Picard Vins et Spiritueux ?
L’entreprise a été créée en 1951 par mon grand-père [Louis-Félix Picard, NDLR] qui était vigneron et bouilleur de cru en Bourgogne, c’est-à-dire qu’il passait avec un alambic mobile dans les villages pour distiller. Mon père [Michel Picard] a rejoint l’entreprise et l’a réellement développée. Je l’ai rejoint à la fin des années 1990. Aujourd’hui, nous faisons la même chose que notre grand-père : nous avons une activité vins [Vignobles & Vins Picard, avec quatre propriétés, NDLR] et une activité spiritueux [Terroirs Distillers, avec neuf marques, NDLR]. C’est l’une de nos singularités d’avoir cette double culture. Nous sommes producteurs, vignerons ou distillateurs, et nous nous occupons de la commercialisation de nos produits. Nous avons environ 600 employés et nous réalisons un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros.
Quelle est votre stratégie actuelle ?
Notre vision est de continuer à avancer sur deux jambes, c’est-à-dire de consolider notre activité de vigneron à travers nos propriétés viticoles, en Bourgogne, en vallée du Rhône et en Val de Loire, et de créer de la valeur plus que de la recherche de volume. Puis il s’agit de continuer de bâtir un portefeuille de marques de spiritueux à notre image, c’est-à-dire qui ont un ADN et une histoire. Le Clos St Patrice [à Châteauneuf-du-Pape, NDLR] est cohérent avec nos domaines familiaux en Bourgogne, Famille Picard, ou avec ce que fait la Maison Foucher [à Sancerre, NDLR] ou J. Denuzière, à Condrieu. Nous sommes dans le même écosystème.
Comment se répartissent vos ventes ?
Deux tiers de nos ventes sont portées par l’activité spiritueux et un tiers par l’activité vins. En France, nous avons un peu plus de 60 % de notre activité qui est en GMS et 40 % dans ce que nous appelons le traditionnel qui intègre les CHR, via les grossistes ou en direct, et les cavistes. Notre approche de marque est segmentée. Nous avons une offre réservée à la GMS et une autre dédiée aux cavistes et CHR. Nous avons la volonté de renforcer le secteur traditionnel parce que nous estimons que les marques que nous portons, qui ont une histoire, un ADN, sont très largement légitimes dans ce secteur. C’est l’axe que nous souhaitons renforcer, y compris parce que nous estimons que nous sommes un peu faibles sur ce secteur. Il faut que nous continuions à mieux le travailler.
Que représente l’export dans votre activité ?
L’export représente à un peu plus de la moitié de l’activité du groupe. Les principaux marchés sont l’Europe géographique, avec le Royaume-Uni, et en même temps les États-Unis et la zone asiatique à travers la Chine. Les États-Unis restent en valeur notre premier client.
Vous fêtez les 70 ans de votre entreprise. Est-ce une manière de regarder le chemin parcouru ?
Quand nous fêtons une telle date d’anniversaire, c’est le moment de faire un petit pas de côté et de prendre un peu de recul. Le recul permet de regarder le chemin parcouru et c’était un peu l’objet des 70 ans. Mon grand-père a créé l’entreprise mais ce sont véritablement mon père et ma mère qui l’ont portée et développée. C’est aussi une façon de leur rendre un peu hommage parce que le chemin n’a pas été simple, il a pris du temps. L’autre chose est que lorsque nous faisons un pas de côté, nous regardons vers où aller. Dans ce moment extrêmement compliqué que nous sommes tous en train de vivre, c’est peut-être une petite pause pour se demander comment se projeter demain, comment s’orienter ou se réorienter, comment affiner nos stratégies.
Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?
Elles sont de continuer, en l’affinant davantage, de porter la philosophie de la famille, orientée produits, belles marques, territoires et terroirs, tant dans les vins que dans les spiritueux. Nous allons garder le cadre mais nous allons sans doute renforcer la précision et le focus mis sur nos marques et réseaux de distribution. Nous allons être plus pointus que nous ne le sommes aujourd’hui. C’est le chemin que nous envisageons. Cela passe notamment par le fait d’encore mieux spécialiser nos forces commerciales.
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