Décision business
Entretien avec Armand de Gérard, directeur marketing et communication de l’interprofession des Vins de Cahors, pour un tour d’horizon de l’AOC. L’appellation créée en 1971 regroupe aujourd’hui 180 caves particulières et une cave coopérative : les Côtes d’Olt.
Décision Boissons (DB) : Comment s’annonce le millésime 2021 ?
Armand de Gérard (AdG) : Cela a gelé un peu partout, un gel assez marqué. Donc je ne pense pas que ce sera un grand millésime de garde. Nous allons voir comment vont sortir les premiers vins. Il y en a beaucoup qui sont encore en élevage, mais je pense que ce sera un millésime intermédiaire.
DB : Quel est la répartition des ventes selon les différents canaux de distribution ?
AdG : L’export représente aujourd’hui à peu près 35 % des volumes de vin vendus. Les trois premiers marchés sont le Royaume-Uni, les États-Unis et le Québec. La grande distribution représente environ 25 %. Pour la vente directe et les cavistes, nous sommes dans des estimations parce que ce sont des données qui ne sont pas tracées. Nous sommes probablement à 15 % pour le premier et aux alentours de 15 % également pour les cavistes. Et les CHR représentent 10 %.
DB : Quel est votre lien avec les CHR ?
AdG : Nous consacrons depuis plusieurs années une part conséquente de notre budget promotion sur des opérations vers les cavistes et les sommeliers. Deux cibles importantes pour nous parce que nous sommes un vignoble qui a besoin d’être prescrit. Nous avons besoin de faire redécouvrir au consommateur nos vins. Pour cela, nous avons besoin qu’il soit conseillé, accompagné. Ces dernières années, il y a eu une très grosse évolution. On voit qu’il y a une vraie révolution stylistique et qualitative. Les professionnels sont très au fait de cette évolution. Mais pour le public, nous voyons qu’il y a encore un décalage, avec une image vieillissante. L’image d’un rouge plutôt tanique, un peu rugueux. Là où aujourd’hui nous avons des profils de vins avec des tanins beaucoup plus fins, avec beaucoup plus de fraîcheur, de la gourmandise. Nous le voyons ne serait-ce que dans les accords mets et vins. Là où il y a une ou deux décennies nous étions plutôt cantonnés à des accords régionaux, roboratifs, aujourd’hui nous avons des possibilités beaucoup plus larges. Nous le voyons au travers des accords que proposent les sommeliers, sur une cuisine plus contemporaine.
DB : Pourquoi ce stéréotype ?
AdG : Cette image vieillissante est plutôt due à un aspect historique. Le vignoble de Cahors disparaît quasiment totalement avec le phylloxéra. À la différence d’autres vignobles, il n’est replanté que très tardivement, après la Seconde Guerre mondiale. Une période où le marché demande des vins de faible qualité mais produits en volumes. À partir des années 1990, nous allons retrouver l’ambition de réaliser des cuvées où l’on va isoler les terroirs pour les vinifier séparément, voire renouer avec des grands vins. Parce que Cahors a aussi une histoire très longue de grands vins. Il a été considéré pendant des siècles comme l’un des vignobles les plus qualitatifs de France. On retrouvait les vins à la cour des rois, des papes, des tsars.
DB : Quelles sont les ambitions de l’interprofession ?
AdG : D’un point de vue international, nous ambitionnons de réaliser un grand malbec de terroir, d’être une référence du malbec. D’un point de vue national, les ambitions sont assez multiples parce que nous avons à la fois des profils de vins de plaisir, de gourmandise, des vins de terroir mais très accessibles, avec une belle buvabilité. Et, en même temps, nous avons aussi l’ambition de nous hisser au niveau des plus grandes appellations françaises. Aujourd’hui, nous avons une palette très large de styles, qui est à la fois le reflet d’une diversité de terroirs, avec des expressions de malbec très différentes d’un terroir à un autre, et le reflet de la façon dont les vignerons vont travailler.
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