Décision business
Quelles sont vos ambitions pour le vignoble alsacien ?
Depuis 4-5 ans, le réveil est spectaculaire. Il y a eu un énorme réveil sur la partie commercialisation, la communication, les salons avec plus d’événements et plus d’actions. Notre ambition est d’incarner le réveil du vin. Le marché français du vin connaît un marasme mais nous sommes convaincus de l’énorme potentiel et du fait qu’il faut s’adresser aux tendances de consommation. Il y a eu une difficulté à se remettre en question sur l’environnement, sur les habitudes de consommation, une difficulté de s’affranchir des codes. Nous voulons casser les codes, casser l’idée reçue qui est qu’il n’y aurait que des vins sucrés en Alsace, que des petits vins. Nous avons été le seul vignoble à continuer de communiquer pendant la crise. Nous avons la volonté d’être audacieux, d’innover, pour revenir à la table des grands. Nous sommes un petit vignoble mais nous avons énormément d’arguments. 32 % de notre surface viticole est en bio, alors que la moyenne nationale est d’environ 14 %. Nous représentons 2,5 % de la surface viticole française mais 10 % en HVE [haute valeur environnementale, NDLR]. Le message est de rester dans cette dynamique d’innovation, d’audace. Par exemple, à compter du millésime 2021, il y aura l’obligation pour les vins alsaciens de faire mention du niveau de sucre : sec ; demi-sec ; moelleux ; doux. L’idée est de rester dans une vraie dynamique de croissance. Cette année, en sortie de chai, nous sommes à + 13 % et c’est + 1 % par rapport à 2019 qui a été la meilleure année depuis 20 ans.
Notre savoir-faire, c’est à 90 % les vins blancs. Ce qui a le vent en poupe, ce sont le blanc et les bulles. Il existe une vraie tendance sur le blanc. Naturellement, nous avons envie de saisir cette opportunité. Mais nous restons à l’écoute des signaux forts du marché pour le rouge. Il y a deux rythmes. Les rouges très taniques, avec un profil de Bordeaux, de Bergerac, qui sont en perte de vitesse. Et les rouges plus fruités, un peu moins alcoolisés, ce que fait l’Alsace avec le pinot noir.
Quelle est la place des vins d’Alsace en restauration ?
Elle n’est pas encore assez forte. L’enjeu est de faire comprendre que le vin d’Alsace a changé, qu’il est dans l’air du temps. C’est un vrai enjeu de revenir sur les cartes. Nous avons priorisé le Grand-Est, le Nord et Paris et nous avons relevé une vraie progression. Le vrai enjeu est de faire comprendre que l’Alsace coche toutes les cases des tendances : le sec, facile à boire, avec un rapport prix-plaisir intéressant. Le secteur des CHR doit changer ses idées reçues. L’Alsace est le seul vignoble de la planète qui offre tous les types de sol : cristallin, sédimentaire, volcanique. C’est génial pour un restaurateur de pouvoir offrir et raconter cela. C’est un argument supplémentaire pour offrir davantage de diversité.
Quelles sont les nouveautés côté événementiel ?
Nous avons été très impactés par la Covid. Si certaines choses ont été laissées en stand-by, comme les événements physiques, nous avons organisé DigiTasting du 7 au 9 juin 2021. Nous avons créé ce salon de toutes pièces, en « physital » [physique et digital, NDLR], réservé à 100 % aux professionnels. Cent exposants pouvaient présenter quatre vins auprès de professionnels du monde entier, avec une dégustation chez soi grâce aux échantillons. Nous étions convaincus que c’était une bonne chose à faire. L’édition de 2022 va être une manière de remettre l’Alsace au cœur des vignobles. Par rapport au grand public, nous voulons aller sur les festivals plus urbains. Nous avons été présents au Street Food Festival à Strabourg. Cela a été un carton. Également, des événements à petite échelle, dans l’idée de faire venir les restaurateurs.
Notre vrai axe stratégique est la consommation printemps-été. Pour sortir de l’image de vin de papy, de vin du foie gras que l’on ne boit qu’une fois par an. On a confié le monopole de l’été aux rosés. Or, cette saison est favorable aux rouges légers et aux blancs, avec une fraîcheur, une acidité remarquable.
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