Décision business
L’annonce par les autorités américaines le 30 décembre dernier d’une nouvelle surtaxation de produits agricoles et agroalimentaires européens, incluant de nouvelles catégories de vins et spiritueux, a semé la consternation dans une filière déjà lourdement affectée par les sanctions américaines. Cette nouvelle rétorsion dans le conflit Boeing-Airbus est présentée par Washington comme une « mesure d’ajustement » aux taxes que l’Union européenne avait appliquées, en décembre, sur la base d’une décision de l’OMC. Ces droits de douane de 25 % s’appliquent désormais aux vins en vrac, vins de plus de 14° et spiritueux à base de vin comme le cognac et l’armagnac. Une pénalisation qui ne touchait jusqu’à présent que les vins tranquilles (non effervescents) de moins de 14°, conditionnés en bouteilles de moins de deux litres, seuls les champagnes et vins mousseux étant désormais exemptés de taxes.
« Entre novembre 2019 et octobre 2020, les importations américaines des vins français surtaxés ont été divisées par deux, représentant une perte de 600 M€ de chiffre d’affaires pour les exportateurs français », a réagi la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) dans un communiqué. « Les nouvelles sanctions annoncées laissent craindre un alourdissement majeur des dommages subis par les exportateurs français sur leur premier marché d’exportation. Si la situation n’évolue pas, la FEVS évalue les pertes potentielles pour l’année à venir à plus d’un milliard d’euros », a-t-elle poursuivi. Même s’il n’était pas visé par la première série de taxes, le cognac avait déjà subi un recul outre-Atlantique en 2020, avec des ventes en recul de 4 % en volume à 7,2 millions de caisses, et de 17 % en valeur à 1,1 Md € sur les 10 premiers mois de 2020. Plutôt que d’évoquer des indemnisations, le président de l’interprofession du cognac (BNIC), Christophe Véral, a assuré que l’urgence était « d’arrêter la surenchère diplomatique ». « Il vaut mieux prévenir que guérir », écrit-il. Le ministre de l’Économie s’est dit « favorable et ouvert à des compensations et à des mesures d’aides », réclamées avec force par les viticulteurs.
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