Décision business
Inter Rhône a fait le point le 3 avril sur la situation économique des vignobles de la vallée du Rhône. À cette occasion, Philippe Pellaton, président de l’interprofession, a révélé que la production du millésime 2022 s’élevait à 2,6 millions d’hectolitres, en hausse de 2% par rapport à 2021, mais en recul de 3% sur la moyenne des cinq derniers millésimes.
« Nous produisons toujours majoritairement du vin rouge, qui représente 76% [soit 1.982.484 hl, NDLR]. La part du rosé reste par ailleurs importante, à 353 231 hl. Et la part du blanc progresse pour atteindre 11% [soit 277.919 hl, NDLR] », a-t-il poursuivi. Les vins effervescents du Diois sont désormais comptabilisés parmi les vins blancs, ce qui participe ainsi à l’augmentation de cette couleur. L’AOC côtes-du-rhône est en outre surreprésentée, constituant 48% de la récolte, tandis que les côtes-du-rhône-villages représentant 12% et ventoux 10%.
Néanmoins, il s’agit d’une « année contrastée avec un recul de 6% par rapport à 2021 quant à la commercialisation », a constaté Philippe Pellaton, avec des sorties de chais qui s’élèvent à près de 2,47 millions d’hectolitres. Une bonne reprise connue en 2021 qui a été stoppée en 2022 par un contexte conjoncturel difficile.
Progression des vins blancs
L’année a toutefois été contrastée par des évolutions extrêmement différentes d’une appellation à une autre. Ainsi, l’AOC côtes-du-rhône affiche un recul de 3%, tandis que les côtes-du-rhône-villages sont en baisse de 1,3%. À l’inverse, les crus des côtes-du-rhône notent une belle augmentation de 4%. Les plus mauvais résultats sont à retrouver du côté de l’AOC ventoux, avec -11%, et des costières-de-nîmes, avec -13%.
De plus, en termes de couleur, « nous restons relativement stables sur les vins rouges et nous constatons une progression sur les vins blancs : +7% sur un an et +17% par rapport à la moyenne sur cinq ans. Nous avons mis en œuvre l’axe diversification et nous voyons ces parts de marché que nous sommes capables de gagner sur le blanc », a expliqué le président d’Inter Rhône. Ainsi donc, le rouge représente 75% des sorties de chai, avec 1.863.271 hl, le rosé 14%, avec 340.780 hl, et le blanc 11%, à 266.073 hl.
La part de la production sous label a également connu une progression. Par exemple, en 2022, le bio représente 18% des volumes, contre 12% en 2021, et 20% des surfaces, contre 13% en 2021. HVE3 représente quant à lui 24% en volume et 28% en surface.
Résultats mitigés des exportations
Par ailleurs, l’interprofession a noté une « baisse en volume de 7% des exportations avec une valorisation qui reste toutefois flat [qui ne change pas, NDLR] », comme l’a précisé Denis Guthmuller, président du Syndicat général des côtes-du-rhône. Les ventes à l’exportation ont en outre représenté 590 millions d’euros et 118 millions de bouteilles. « Il faut relativiser car concernant l’exportation, on a subi une année très contraignante au niveau de la disponibilité des matières sèches [comme le verre, NDLR] et du transport », a souligné Denis Guthmuller.
Dans le détail, 60% de ces exportations concernent des côtes-du-rhône et côtes-du-rhône-villages ; et les crus pèsent 20% des volumes, mais 40% de la valeur. Avec 576.692 hl, l’Europe reçoit 65% des exportations en volume, tandis que l’Amérique du Nord est à 23% (203.294 hl) et l’Asie à 9% (78.391 hl). En volume, la Belgique (18%) occupe la première place des pays importateurs, suivie du Royaume-Uni (15%) et des États-Unis (14%). En valeur, les trois mêmes pays sont présents mais à des places différentes : les États-Unis arrivent premiers, le Royaume-Uni est deuxième et la Belgique troisième.
Une baisse des volumes de 10% est à noter du côté des États-Unis. Dans le même temps, une belle hausse de 9% en valeur dans ce même pays a été enregistrée. « Sur l’Europe, la Belgique reste numéro un avec un décrochage aussi bien en volume qu’en valeur [-13% en volume et -15% en valeur, NDLR] », a remarqué Denis Guthmuller. Situation identique pour la Norvège, avec -18% en volume et -7% en valeur. À l’inverse de l’Allemagne, qualifié de « marché en pleine tendance » avec des chiffres qui font rêver : +10% en volume et +6% en valeur.
Vallée du Rhône appréciée par les cavistes et CHR
L’export correspond en outre à 36% des vins de la vallée du Rhône, quand la GMS française représente 38% et le circuit traditionnel (ventes directes, cavistes et CHR) atteint 26%. La GMS est particulièrement impactée par un repli structurel de la consommation de vin avec une baisse de 5% des ventes en 2022 (-6,7% pour les vins rouges).
« Il existe une tendance de déconsommation des rouges que nous constatons depuis de nombreuses années. Les consommateurs réguliers prennent de l’âge et ne sont pas remplacés par des jeunes, qui ont, quant à eux, d’autres habitudes », a ainsi développé Samuel Montgermont, président de l’Union des maisons de vins du Rhône.
Côté cavistes, les AOC de la vallée du Rhône sont présentes dans 98,6% des points de vente d’après une étude de CNIV/Symétris. Elles sont également plébiscitées par les CHR puisqu’elles se retrouvent à la carte de 78% des restaurants d’après une étude de CNIV/France AgriMer/Symétris.
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