Décision business
Le constat est sans appel. La consommation de vin baisse inéluctablement, aussi bien en France qu’à l’étranger. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a chiffré cette décrue en montrant que de 1960 à 2020, la consommation des Français a chuté de 70%, passant de plus de 120 l par an et par habitant à moins de 40 l. Ce recul se retrouve notamment chez les jeunes. De 2014 à 2021, le vin a ainsi connu une perte de 9 points de parts de marché face aux autres boissons alcoolisées auprès de la catégorie des 18-35 ans. Parmi ces alcools concurrents, un tire son épingle du jeu, particulièrement auprès de cette cible, la bière.
À tel point que cette dernière a représenté, en 2021, 39% des des achats de boissons alcoolisées des moins de 35 ans, selon des données de Kantar pour FranceAgriMer et le Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV). Les vins tranquilles et effervescents représentent quant à eux 27% des achats.
Le vin plus intouchable
À tel point que le CNIV et Vin & Société, associations professionnelles représentant les 500.000 acteurs de la filière de la vigne et du vin, se sont demandés si le vin était « encore la “boisson-totem” de la nation française ». Bien que 96% des Français jugent le vin inséparable de l’identité culturelle du pays, selon une étude commandée par Vin & Société à l’Ifop en 2019, l’évolution de la consommation tend à démontrer que le vin n’est plus intouchable.
Pour les associations professionnelles, les causes du recul de la place du vin sont toutes trouvées : « Déritualisation des repas, perte de transmission au sein des familles, mutation de la composition des familles, avec accroissement du nombre de personnes vivant seules, alors que le vin est le produit du partage par excellence. La filière regrette par ailleurs une certaine forme de stigmatisation du produit lui-même. »
Néanmoins, il n’est nulle question de taper sur les acteurs du monde de la bière. « Les brasseurs ne sont évidemment pas les ennemis des producteurs de vin. Il ne faut pas créer des clivages là où il n’y en a pas ou chercher à opposer les produits », rassure Vin & Société, à nos confrères de Vitisphere.
L’association ajoute que le vin peut jouer sur le même terrain que la bière, tout simplement parce qu’il possède les mêmes avantages à mettre en avant. « Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est montrer simplement que le vin – notamment les blancs, les vins pétillants, les rosés qui connaissent une forte croissance – peut très bien être présent dans des moments de convivialité où on privilégie aujourd’hui la bière. Le vin concentre tous les atouts et les valeurs que recherchent les jeunes générations : un produit local, français, de qualité ; de nombreuses exploitations sont engagées dans une démarche de certification environnementale. »
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