Décision business
Le pic calcaire adossé aux Cévennes domine les 1.400 hectares de vignes en production qui constituent le vignoble portant son nom : Pic Saint-Loup. Au total, ce ne sont pas moins de 75 domaines et trois caves coopératives qui travaillent ce terroir, avec une grande partie en bio. « Nous bénéficions d’un changement de génération. 20 à 30% des domaines sont en train d’être repris par la nouvelle génération. Nous sommes une appellation très vivante », défend Benoît Viot, président du Syndicat de l’AOC pic-saint-loup, dont le décret est paru le 31 janvier 2017.
Avant cette date, le vignoble avait accédé en 1955 au rang de VDQS (Vin délimité de qualité supérieure), puis, en 1966, de VDQS coteaux du Languedoc, pour devenir en 1985 l’AOC coteaux-du-languedoc, et enfin, à partir de 1994, l’AOC languedoc-pic-saint-loup. Et ce, exclusivement en rouge, qui représente 90% de la production, et rosé (10%), pour un total de six millions de bouteilles par an, soit environ 45.000 hl. En outre, le vignoble est principalement composé des cépages syrah, grenache et mourvèdre.
Preuve de la vivacité de l’appellation, celle-ci a monté une commission ayant trait au réchauffement climatique, qui impacte fortement les vignerons. Elle a alors conduit à la mise en œuvre de multiples expérimentations en lien avec la chambre d’agriculture et l’Inrae, comme la « cartographie du stress hydrique, l’étude de l’impact des couverts végétaux ainsi que le palissage et dépalissage », comme l’indique le président du syndicat. L’adaption au dérèglement climatique passe également par la diversification des cépages, avec la présence, en complément du trio précité, du cinsault, de la counoise ou encore du morrastel, sans oublier le carignan. Une manière, aussi, de faire évoluer les profils des vins vers davantage de buvabilité et de fraîcheur – « ce qui est demandé aujourd’hui », constate-t-il.
En 2023, l’AOC a passé le cap des six millions de bouteilles produites. « Nous sommes passés de trois-quatre millions à six millions en 10 ans », se félicite Benoît Viot. L’export représente 20 à 30% des ventes de l’AOC, contre « 80% il y a 20 ou 30 ans », se rappelle Benoît Viot. Les principaux marchés correspondent en outre à la Belgique, à la Suisse, à l’Allemagne et au Japon. L’appellation ambitionne d’augmenter la part de l’export dans ses expéditions pour dépasser les 30%.
« Nous possédons un déficit de notoriété. Or, pour faire accepter nos vins à des prix compris entre 15 et 25€, il faut de la notoriété », note-t-il. Cette quête passe ainsi par une présence dans les salons internationaux mais également par la rencontre directe avec les prescripteurs. « La présence en restauration se révèle essentielle pour développer l’appellation », martèle ainsi le président du syndicat.
S’agissant des couleurs, l’heure n’est pas au développement du rosé. En effet, au lieu du quantitatif, le choix se porte plutôt que le qualitatif. « Nous préférons moins de rosé, mais davantage de cuvées typées », insiste Benoît Viot, qui avance le terme de rosé de terroir. De plus, les vignerons de l’appellation souhaitent développer le blanc qui est actuellement produit pour moitié en IGP et en AOC languedoc. Des discussions ont été entamées avec l’INAO afin de mener à une AOC pic-saint-loup pour le vin blanc. La mise en place est espérée d’ici trois à quatre ans.
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