Décision business
Fils d’agriculteur, Jean-François Réaud reprend l’exploitation familiale dans les années 1980 et ce qu’il reste des vignes du Domaine du Grand Moulin, fondé par son arrière-arrière-grand-père Gabriel Bruneteau, en 1904, à Saint-Aubin-de-Blaye (33). En effet, le choix de la polyculture a réduit le vignoble à 7 ha. « L’idée était de le reconstituer et de s’affranchir de la distribution classique bordelaise », explique Jean-François Réaud.
C’est ainsi qu’il crée le collectif Vignobles Gabriel & Co dans les années 1990. La structure débute avec quatre vignerons et en dénombre aujourd’hui 34, répartis sur la rive droite de la Garonne, autour d’un principe simple : l’entraide vigneronne pour la commercialisation de leur production. « Cela allie trois modèles : le vigneron indépendant, la coopération et le négoce », précise-t-il.
Concrètement, Vignobles Gabriel & Co achète les vins de ses 34 vignerons, via des « contrats affinés pour apporter une juste rémunération ». De plus, « la seule variable du prix est la qualité. Elle s’établit avec des dégustations à l’aveugle par un collège d’experts composé d’œnologues ou de cavistes », ajoute Jean-François Réaud. Les producteurs représentent 1.000 ha de vignes et six millions de bouteilles par an. La structure couvre en outre 11 appellations, comme bordeaux, bordeaux supérieur, lussac-saint-émilion, côtes-de-bourg ou encore blaye-côtes-de-bordeaux.
Depuis 2020, le collectif possède le label de commerce équitable Fair for Life, proposé par Ecocert. Par cette certification, « différentes valeurs comme la juste rémunération du producteur, l’environnement RSE et l’aspect environnemental » sont respectées. Le fondateur de Vignobles Gabriel & Co indique par ailleurs que plus de la moitié du collectif se trouve en bio ou biodynamie. Et les deux tiers du vignoble sont visés pour 2025.
Miser davantage sur les CHR
En termes de commercialisation, la France représente la moitié des ventes, l’autre moitié correspondant à l’export. Le collectif souhaite cependant faire davantage pencher la balance du côté de l’international, vers des pays « très ouverts à notre modèle », comme les pays scandinaves ou le Japon. Sur le marché national, la GMS représente la majorité des ventes, le secteur des CHR ne représentant que 10%.
Le fondateur souhaite néanmoins « inverser la tendance entre les CHR et la GMS [pour toucher] une clientèle attachée à notre image et qui va la comprendre ». Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de baisse de chiffre d’affaires intervenu en 2022 et donc dans une volonté de privilégier la valeur dans une stratégie de premiumisation. Un poste dédié au circuit traditionnel avait ainsi été ouvert en 2022 pour permettre cette diversification.
Le collectif souhaite en outre accentuer sur la mise en avant de l’identité de chacun des vignerons, à travers, notamment, l’étape de l’assemblage. Enfin, la gamme 100% équitable, avec un packaging moderne et des vignerons clairement identifiés, est lancée cette année. Tout comme des cuvées labellisées Vin Méthode Nature, sans sulfites, ni intrants, vinifiées avec des levures indigènes et issues d’une récolte manuelle et vegan ; ainsi qu’un vin à faible teneur en alcool, compris entre 9 et 10% vol.
« Le collectif correspond à un outil au service des vignerons bordelais. Nous aimerions que des Bordelais s’en inspirent », résume Jean-François Réaud, dans un contexte particulièrement difficile pour ce vignoble français.
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