Décision business
Entretien avec Benjamin Piccoli, directeur de la Maison des vins de l’AOP Fronton, gérée par le syndicat des vignerons de l’appellation. AOP depuis 1975, Fronton dispose de 2 400 hectares étalés sur les départements de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne.
Quel est le but de votre opération de communication en Bretagne du 15 mai au 15 juin ?
Benjamin Piccoli : Comme nous sommes près de Toulouse, jusqu’à présent 100 % de nos activités de communication se concentraient sur Toulouse et le Sud-Ouest. L’an dernier, pour la première fois, nous avons souhaité communiquer à l’extérieur de notre zone de prédilection. Nous avons choisi la Bretagne notamment parce que c’est une région non productrice de vin sur laquelle nous sommes bien implantés. L’idée est de travailler l’image et d’avoir des retombées en termes de vente.
Quel est le dispositif mis en place ?
Nous avons des chefs partenaires qui ont proposé des accords mets et vins. Nous avons réalisé un livret recettes que nous distribuons depuis deux ans. Et chez les cavistes, nous avons prévu, entre le 15 mai et le 15 juin, des animations avec des vignerons qui font déguster les vins. La campagne de communication est essentiellement radio, principalement sur les radios du groupe NRJ (NRJ, Chérie FM) et une radio locale nommée Hit West, une des leaders sur la Bretagne.
L’opération en Bretagne a-t-elle également pour objectif de gommer une potentielle image ancienne de l’AOP ?
Non, c’est un peu la différence avec ce que nous faisons à Toulouse. Dans cette ville, nous avons ce problème d’image un peu ancienne, d’un public qui a connu Fronton il y a 40 ans et qui se dit que ce ne sont pas de très bons vins. Nous avons, à Toulouse, beaucoup d’ a priori. En Bretagne, ce n’est pas du tout le cas. Soit les gens ne connaissent pas, soit ils connaissent parce qu’ils ont goûté récemment et ils trouvent cela très bon. Il est beaucoup plus facile de communiquer en Bretagne qu’à Toulouse. C’est pour cela que nous ne faisons pas trop de campagnes média à Toulouse, mais plutôt des campagnes terrain durant lesquelles nous allons sur des événements pour proposer des dégustations.
Quels sont les fondements des a priori ?
Pendant très longtemps, nous avons fait des vins de consommation courante, qui étaient fabriqués à Fronton mais qui n’étaient pas forcément en AOP Fronton, ce qu’on appelait les bouteilles cinq étoiles de la cave coopérative. Mais comme ils venaient de Fronton, ils étaient considérés comme issus de l’appellation. Les gens ne faisaient pas la part des choses entre les vins de l’appellation et ceux produits par la cave coopérative notamment. Il existait une sorte d’amalgame, en disant que les vins de Fronton étaient bas de gamme. Aujourd’hui, cela n’existe plus du tout.
Quelle est la répartition des ventes de votre appellation ?
Nous faisons à peu près 50 % de nos ventes en grande distribution, 15 % sur le secteur CHR – cavistes, 20 % en vente directe et 15 % à l’export. Historiquement beaucoup le Canada, de plus en plus les États-Unis, et ensuite l’Asie, comme la Chine et le Japon.
La négrette demeure le cépage caractéristique des vins de Fronton…
La négrette est majoritaire dans tous les vins. Depuis 2011, elle peut être en monocépage et elle l’est de plus en plus. Aujourd’hui, tous les domaines possèdent une cuvée 100 % négrette. C’est un cépage très aromatique. Sur les rouges, nous allons avoir des fruits noirs et des fruits rouges mais aussi un côté floral. Nous avons également la violette qui ressort assez fréquemment. Nous faisons des rosés très aromatiques également, assez complexes, longs en bouche, très différents des rosés de Provence. 45 % des vins de l’appellation sont des rosés, il s’agit d’une couleur très importante pour nous. Le reste, en rouge. Aujourd’hui, il n’y a pas de blanc dans l’AOP. C’est d’ailleurs un objectif pour les années futures de travailler sur une appellation en blanc. Mais c’est un travail de plusieurs années. Nous avons retrouvé un vieux cépage blanc, le bouysselet, qui était complètement oublié et nous essayons de le remettre au goût du jour et de le faire reconnaître comme lié au territoire de Fronton.
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