
Décision business
Surfer sur la bonne santé des bulles dans le vin. C’est le chemin choisi par les vignerons d’Alsace, depuis déjà de nombreuses années. Preuve en est, « le crémant représente aujourd’hui 33% de la production des vins d’Alsace », avance Thierry Fritsch, formateur pour le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA). Et il ne cesse de se développer. La production de crémant d’Alsace a en effet connu un bond de 300% en 10 ans. Cette force se ressent au niveau national. Cet effervescent régional constitue ainsi « le premier crémant en France, avec 36,5% de parts de marché », poursuit Thierry Fritsch, tout en ne cachant pas sa satisfaction : « C’est l’AOP effervescente la plus dégustée après le champagne. »
Entre octobre 2023 et octobre 2024, 41 millions de bouteilles ont par ailleurs été vendues, en hausse de 7% en un an et même de 20% en cinq ans. L’export n’est pas en reste. Il a en effet connu une belle progression de 20%, alors qu’il s’adjuge 24% des volumes. Le Domaine Paul Gaschy, situé à Eguishem, près de Colmar (Haut-Rhin), tenu par Hervé Gaschy, le petit-fils du fondateur Paul Gaschy, reflète la situation du vignoble alsacien. Le crémant d’Alsace atteint ainsi 30% de sa production et les ventes « augmentent tous les ans », précise Hervé Gaschy, qui dispose de 9 ha de vignes certifiées bio. Celui-ci propose quatre cuvées : brut, extra-brut, mais également rosé depuis 1994, composé exclusivement de pinot noir, et brut nature depuis le millésime 2012, commercialisé en 2019.
L’encépagement, clé du succès du crémant d’Alsace
De plus, sa définition du crémant d’Alsace est limpide ; illustration, peut-être, de son succès : « Il possède un côté aromatique plus développé propre au vignoble alsacien en raison du climat et des cépages. Nous avons beaucoup d’auxerrois, qui donne des vins aromatiques. Nos vins possèdent une certaine souplesse, tout en disposant d’un support. » Le vigneron Hervé Gaschy, qui réalise 68% de ses ventes en direct et 10% auprès des CHR, choisit d’insister sur l’encépagement, qui représente à ses yeux la clé du succès du crémant d’Alsace : « C’est le fait de ne pas présenter des cuvées avec seulement du chardonnay et du pinot noir. »
Enfin, alors que la situation est au beau fixe pour l’appellation crémant-d’alsace, l’enjeu pour elle est de ne pas perdre son avance sur le reste des AOP de crémant ainsi que sur les autres effervescents français – champagne excepté. Dans cette optique, Hervé Gaschy appelle de ses vœux à une diversification de l’offre, pour répondre à l’ensemble des demandes des consommateurs : « Il faudrait maintenant présenter une gamme et être plus exigeant. »
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